Assaut à Saint-Denis visant Abaaoud, commanditaire présumé des attentats

18 novembre 2015

Deux terroristes ont été tués, dont une femme qui a activé sa ceinture d’explosifs. Les forces de l’ordre ont procédé au moins à cinq interpellations. Cinq policiers ont été blessés.

Il est 4h20 ce mercredi matin quand la police antiterroriste décide de lancer l’assaut contre un appartement de Saint-Denis. Cinq jours après les attentats du 13 novembre, qui ont fait au moins 129 morts, la cible de l’opération est le commanditaire présumé de l’attaque, le Belge Abdelhamid Abaaoud. On ignore toujours si l’homme se trouvait effectivement à Saint-Denis. L’appartement, situé à une vingtaine de minutes à pied du Stade de France, a été investi par les hommes du Raid. A 11h26, une source policière a affirmé à l’AFP que l’assaut était terminé, mais que des opérations de sécurisation étaient toujours en cours.

Dès le début de l’attaque, une femme portant un gilet explosif l’a activé, tout en sautant par la fenêtre. Elle est morte. Selon David Thomson, journaliste de RFI, cela serait la première fois en France qu’une femme est envoyée dans une opération. Une autre personne retranchée a été tuée, selon nos informations. D’après un premier bilan communiqué par le parquet de Paris, «trois hommes, qui étaient retranchés dans l’appartement, ont été extraits par le Raid et ont été placés en garde à vue. Leurs identités ne sont pas établies à ce stade. Par ailleurs, un homme et une femme ont été interpellés et placés en garde à vue, à proximité immédiate de l’appartement».

Selon l’AFP, il pourrait notamment s’agir d’un individu disant avoir hébergé deux personnes «qui venaient de Belgique» dans l’appartement visé. D’après un élu de Saint-Denis contacté par Libération, l’une des personnes interpellées a été blessée et se trouve actuellement hospitalisée. Il précise aussi que les chiens de la police ont marqué une voiture «avec des traces d’explosifs et d’armes à feu».

Par ailleurs, cinq policiers ont déjà été légèrement blessés au cours de l’opération. Une chienne de la brigade canine, Diesel, a été tuée. Alexia, qui se trouvait à sa fenêtre à proximité de l’appartement visé, dans un immeuble insalubre, a entendu «des tirs à partir de 04H25, des “boum” comme des grenades puis des rafales intermittentes». Dominique, infographiste de 45 ans, habite près des lieux. Il raconte : «On a été réveillé en sursaut à 4h30 par des coups de feu. La chambre de notre fille donne sur une cour intérieure, on a déplacé le matelas dans l’entrée. L’assaut est dans l’immeuble à côté, au 48, qui donne rue du Corbillon. On est resté sous l’orage pendant deux heures, ça tirait sans interruption, il y a eu au moins deux grosses déflagrations. Ça s’est calmé vers 6h15. Deux nouvelles déflagrations vers 7h30-8h. Ça a repris il y a un quart d’heure (9h30). Je vois les policiers avec leurs armes en joue.»

L’opération mobilise également des militaires et des hélicoptères, qui ont bouclé une partie de Saint-Denis. Les écoles et collèges du centre de la ville sont fermés aujourd’hui. François Hollande, de son côté, se trouve dans son bureau à l’Elysée avec le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

L’enquête sur les attentats se concentre aussi sur Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d’avoir été l’un des tireurs qui ont mitraillé vendredi soir les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim. Il est toujours activement recherché, notamment en Belgique, où les attaques ont été organisées selon les autorités. Les enquêteurs disposent par ailleurs d’une vidéo accréditant l’existence d’un autre assaillant dans leur commando qui circulait à bord d’une Seat noire. Il pourrait être lui aussi en fuite.

http://www.liberation.fr/france/2015/11/18/attentats-de-paris-fusillade-a-saint-denis-lors-d-une-operation-antiterroriste-liee-aux-attentats_1414270

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