
10 décembre 2015
Le quotidien allemand Handelsblatt revient sur une série d’informations compromettantes pour Bilal Erdogan, plaçant le fils du président turc au centre du juteux trafic organisé entre la Turquie et Daech autour de l’or noire. Une véritable bombe à retardement pour Tayyip Recep Erdogan, mis à mal par plusieurs sources, sur fond de détention de deux journalistes turcs de Cumhuriyet accusés de porter atteinte à la sécurité de l’Etat pour avoir relayer des informations impliquant Ankara et le MIT.
En 2013, rappelle tout d’abord le quotidien allemand Handelsblatt, le parquet a soupçonné Bilal Erdogan d’avoir blanchi l’argent de son père. L’accusation était fondée sur un dossier comprenant des photos ainsi que l’enregistrement de conversations téléphoniques entre le père et le fils. Premier ministre à cette époque, Recep Erdogan aurait chargé son fils de “se débarrasser de tout l’argent de la maison”, révèle l’édition fédérale.
Début 2014, l’enregistrement d’une autre conversation téléphonique a été révélé au grand jour. Une personne, dont l’identité est gardée secrète, devait procéder à un versement de 10 millions de dollars. Les médias ont alors émis l’hypothèse qu’il devait s’agir d’un pot-de-vin destiné à la construction d’un pipeline. Néanmoins, le père a tenté de protéger son fils en déclarant que l’enregistrement était une “sale contrefaçon” falsifiée.
En novembre, le ministre de l’Information syrien Omran al-Zoubi a annoncé que la compagnie de transport appartenant à Bilal Erdogan fournissait du pétrole à Daech. Le fils du président turc a également acheté aux terroristes des matières premières et des objets précieux d’une importance historique, a mentionné Omran al-Zoubi.
Bilal Erdogan faisait également passer le pétrole volé par des terroristes de Daech dans des pays asiatiques, stipulent d’autres accusations, d’où le surnom de “ministre du pétrole de Daech” qu’il s’est mérité auprès des médias. Rappelons que selon la presse turque, Bilal Erdogan possède la société de transport maritime BMZ Group qui a des amarrages spéciaux dans les ports de Beyrouth et de Ceyhan, depuis lesquels le pétrole de contrebande est transporté vers les consommateurs japonais.
Entre-temps, le président turc a déclaré être prêt à démissionner advenant le cas où son implication dans des manigances pétrolières serait prouvée. Dans le contexte, Recep Erdogan a de bien mauvaises cartes afin de miser aussi gros, conclut le journal allemand.
Ces divulgations interviennent quelques jours après le scandale Cumhuriyet et l’arrestation de deux journalistes turcs pointant les collusions entre les services secrets turcs le MIT et Daech. Can Dündar, directeur de la rédaction du quotidien Cumhuriyet, et Erdem Gül, son représentant à Ankara sont poursuivis en effet pour avoir publié, fin mai, un article sur des livraisons d’armes effectuées par les services secrets turcs (MIT) en Syrie.
La vidéo et les photos produites par Cumhuriyet avaient fait rebondir cette affaire, déjà brutalement étouffée par les autorités en février 2014. Détenus à la prison de haute sécurité de Silivri, ils risquent l’emprisonnement à vie : “espionnage, divulgation de secrets d’Etat et propagande pour une organisation terroriste”. Reporters sans frontières (RSF) lance un appel à l’Union européenne et à tous les États membres pour qu’ils somment les autorités turques de libérer Can Dündar et Erdem Gül.
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