
10 décembre 2015
Le Premier ministre turc était en visite officielle en Azerbaïdjan, les 3 et 4 Décembre dernier. Ahmet Davutoglu a notamment promis de « soutenir l’Azerbaïdjan tant que toutes les terres azerbaïdjanaises occupées – jusqu’au dernier centimètre carré – ne sont pas rendues ».
A l’heure où Turquie est parvenu à se mettre l’ensemble de ses voisins, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s’est offert une cure de jouvence diplomatique en se rendant à Bakou, véritable aiguille dans le talon de la Russie avec laquelle les différends ne sont pas prêts de retomber après l’affaire du Sukhoï abattu.
Les médias officielles n’ont pas manqué de souligner à cette occasion que “la Turquie a été le premier pays au monde à reconnaître l’indépendance de l’Azerbaïdjan en 1991 et a été un fervent partisan de l’Azerbaïdjan dans ses efforts pour préserver son intégrité territoriale et développer son potentiel économique, à l’origine duquel, ses riches ressources naturelles de la mer Caspienne”.
« La Turquie et l’Azerbaïdjan sont très proches l’un de l’autre. Nous nous soutenons et continuerons à nous soutenir mutuellement » a pour sa part déclaré le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, dans une réunion élargie avec Davutoglu.
Surtout, le message délivré par Davutoglu était celle du soutien de la Turquie envers l’Azerbaïdjan “dans le règlement du conflit du Haut Karabagh, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan”. A cette occasion, le président Aliyev a “remercié le peuple turc et le gouvernement pour le soutien qu’ils apportent à l’Azerbaïdjan dans le règlement du conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut-Karabakh”.
« La position de la Turquie sur cette question est claire et nette, a déclaré le Premier ministre turc. La Turquie continuera à soutenir l’Azerbaïdjan tant que toutes les terres azerbaïdjanaises occupées – jusqu’au dernier centimètre carré – ne sont pas rendues. «Le principe de base dans le règlement de nombreux problèmes dans le monde est un respect mutuel de l’intégrité territoriale. Assurer la paix et la stabilité a été très difficile dans le Caucase où 20 pour cent des terres azéries sont sous occupation », a-t-il ajouté.
Le troisième message de Davutoglu concernait les relations économiques des deux pays, en particulier dans le secteur de l’énergie et des transports. L’Azerbaïdjan et la Turquie entretiennent des liens concernant le développement économique, notamment des projets prévoyant le transport des ressources en hydrocarbures de l’Azerbaïdjan vers l’Europe et les marchés mondiaux via le territoire turc.
« La coopération turco-azerbaïdjanaise concerne les plus grands projets du continent eurasien. Les projets énergétiques et de transport sont à cet égard d’une grande importance. Le projet TANAP mis en chantier après plusieurs projets, tel que Nabucco, était devenu un rêve impossible, mais il a été rendu possible grâce à l’amitié et à la confiance mutuelle entre la Turquie et l’Azerbaïdjan », a souligné M. Davutoglu, faisant valoir que la livraison des ressources en hydrocarbures de la région de la Caspienne est une des principales options pour la sécurité énergétique de l’Europe.
Davutoglu, qui considère Bakou comme l’étoile montante de l’Asie, estime que le chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars, qui sera mis en œuvre par l’Azerbaïdjan et la Turquie conjointement avec la Géorgie, est la Route moderne de la soie, allant de la Chine à Istanbul puis en Europe.
« A partir du début de fonctionnement de cette ligne dans la première moitié de 2016, la route historique de la soie va acquérir une nouvelle signification, une forme plus moderne », a-t-il noté. « L’Azerbaïdjan et la Turquie se sont ainsi engagés avec succès dans de mutuels investissements. L’Azerbaïdjan devrait investir environ 20 milliards de dollars en Turquie, dans les prochaines années.
«Les investissements de l’Azerbaïdjan dans l’entreprise de pétrochimie, Petkim, dans la région turque d’Izmir nous ont donné un pouvoir énorme. Notre objectif est de porter le montant de ces investissements à 20 milliards de dollars à court terme, et pour le commerce de passer du chiffre d’affaires actuel de 5 milliards de dollars à 15 », a déclaré M. Davutoglu. «De ce point de vue, nous attachons une grande importance aux mécanismes tripartites Turquie – Azerbaïdjan – Géorgie, puis Turquie – Azerbaïdjan – l’Iran et enfin Turquie – Azerbaïdjan -. Turkménistan. ….. La Turquie et l’Azerbaïdjan ensemble, et avec d’autres pays contribueront à la paix », a-t-il ajouté.
A Bakou, Ahmet Davutoglu a réitéré l’appel de la Turquie à la Russie sur le règlement des récentes tensions entre Ankara et Moscou en raison du bombardier SU- 24 abattu par un avion de combat turc F16. Il a exhorté la Russie à “résoudre cette crise par des moyens diplomatiques”. « La Turquie a toujours poursuivi une politique de transparence et d’ouverture dans toutes ces questions. Je demande instamment une fois de plus à notre ami, voisin et grand partenaire, la Russie, d’examiner toutes ces questions avec distance. La Turquie protégeait ses frontières. Jusqu’à présent, elle n’a jamais pris de position agressive envers aucun pays », a-t-il dit.
« Dans la situation actuelle, la Turquie est prête à discuter. Nous pouvons discuter de toutes les questions en détail. Nous sommes dans des positions différentes sur chaque question, mais nous pouvons nous rencontrer, négocier, et partager nos opinions. Nous sommes également prêts pour des négociations assis autour d’une même table », at-il ajouté.
Evoquant les sanctions économiques imposées par la Russie contre la Turquie, Ahmet Davutoglu dit que la Turquie considère cette décision de la Russie comme une grande contradiction. « Un pays mécontent des sanctions économiques qu’on lui impose ne devrait pas en imposer à l’encontre des autres. En outre, les sanctions économiques nuisent aux deux partis. Les conséquences d’une sanction économique ne sont jamais unilatérales ».
Réitérant sa rhétorique diplomatique, Davutoglu estime que la Turquie et la Russie devraient résoudre ce problème ensemble, « l’entente russo-turque est importantes non seulement pour les deux pays, la Turquie et la Russie, mais aussi pour le Caucase, les Balkans, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, la mer Noire, la mer Caspienne et les autres régions. Les bonnes relations entre la Turquie et la Russie contribueront à la paix et la stabilité dans toutes ces régions ».
NH
Source AzerNews
* TANAP : gazoduc transanatolien, chantier inauguré, le 17 Mars 2015 à Kars. Une fois achevé, en 2018/2019, ce tube de 2000 km acheminera du gaz depuis le gisement de Shah Deniz en Azerbaïdjan via la Géorgie et la Turquie jusqu’à la frontière avec la Grèce et la Bulgarie. Il devrait ensuite se prolonger vers la Grèce et l’Albanie jusqu’en Italie sous le nom de gazoduc transadriatique (TAP)
http://nor-haratch.com





