GÉNOCIDE ARMÉNIEN – Robertson et Clooney déclarent que la CEDH décide d’une victoire pour l’Arménie
Robertson et Clooney déclarent que la CEDH décide d’une victoire pour l’Arménie
15 octobre 2015 – GÉNOCIDE ARMÉNIEN – JE ME SOUVIENS ET JE DEMANDE:
Siranush Ghazanchyan
Les avocats des droits de l’homme Geoffrey Robertson QC et Amal Clooney ont publié une déclaration sur la décision de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Perincek c. Suisse. La déclaration se lit comme suit:
Nous sommes heureux que la Cour européenne des droits de l’homme ait approuvé aujourd’hui notre argument au nom du gouvernement arménien, qui est intervenu dans l’affaire entre Dogu Perincek et la Suisse. Cette décision est une victoire pour l’Arménie.
La Cour européenne a décidé aujourd’hui que la liberté d’expression du requérant n’aurait pas dû être restreinte car elle n’était pas susceptible d’inciter à la violence ou à la haine raciale. Perincek n’aurait donc pas dû être poursuivi par les autorités suisses car sa diatribe, en turc, n’aurait eu aucun impact sur l’harmonie sociale et les relations raciales en Suisse.
L’Arménie est intervenue dans l’affaire pour une raison: la juridiction inférieure avait mis en doute le fait qu’un génocide contre le peuple arménien avait eu lieu en 1915. En tant que conseil, nous avons cherché à corriger cette grave erreur, et la Grande Chambre l’a fait. L’arrêt d’aujourd’hui n’a pas contesté le fait du génocide arménien: dix juges ont déclaré que la question n’aurait pas dû être abordée du tout tandis que sept ont déclaré que «le génocide arménien est un fait historique clairement établi».
L’arrêt confirme également le droit des Arméniens, en vertu du droit européen, à ce que leur dignité soit respectée et protégée, y compris par la reconnaissance d’une identité communautaire forgée par l’anéantissement de plus de la moitié de leur race par les Turcs ottomans (voir par. 227).
La décision du tribunal confirmant l’importance de la liberté d’expression a des conséquences importantes pour la Turquie, qui a le pire bilan de tous les États devant la Cour européenne en matière de liberté d’expression. La Turquie ne peut plus justifier de poursuivre ceux comme Hrant Dink qui sont accusés d ‘«insultes à la turcité» contrairement à l’article 301 du Code pénal en écrivant sur la réalité du génocide arménien. Ces poursuites sont manifestement contraires à la liberté d’expression garantie par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme telle qu’interprétée dans l’affaire Perincek. Nous demandons à la Turquie d’abolir l’article 301 et de mettre fin aux poursuites malveillantes engagées selon ses termes.
Perincek est un provocateur qui n’aurait pas dû devenir le martyr qu’il était si désireux de devenir. Nous notons que la Cour a rejeté sa demande d’indemnisation de 120 000 euros et ne lui a rien accordé – pas même ses propres frais de justice.
Cette affaire a déjà été déformée dans la presse britannique. Par exemple, The Telegraph caractérise le jugement dans son titre comme étant «… un coup porté à Amal Clooney…». Mme Clooney et M. Robertson ont comparu pour l’Arménie en tant que tierce partie, soucieuse de garantir que le génocide arménien ne soit pas mis en doute par la Cour européenne des droits de l’homme. Ils n’ont pris aucune position sur la culpabilité ou l’innocence de Perincek. Le seul «coup» a été contre l’État défendeur – c’est-à-dire la Suisse, l’État poursuivant qu’ils ne représentaient pas, et contre la Turquie qui ne peut plus citer la Cour européenne lorsqu’elle cherche à mettre en doute le génocide arménien.
en.armradio.am/2015/10/15/robertson-clooney-say-echr-ruling-a-victory-for-armenia/
TRADUCTION FRANÇAIS «lousavor avedis»