Les états-majors russe et arméniens en contact étroit pendant les affrontements arméno-azéris

Les états-majors russe et arméniens en contact étroit pendant les affrontements arméno-azéris

le mardi 21 juillet 2020 – armenews:

Pour la deuxième journée consécutive, les violents combats qui embrasaient depuis le 12 juillet la très volatile frontière arméno-azérie semblaient avoir perdu en intensité lundi 20 juillet, mais les autorités arméniennes ont tenu à préciser que les états-majors arménien et russe restaient en contact, comme ils l’avaient été durant les combats.

Ces combats, les plus violents depuis la « guerre des 4 jours » d’avril 2016 au Karabagh, ont fait au moins 12 morts dans les rangs de l’armée azerbaïdjanaise et 4 dans ceux de l’armée arménienne, selon un bilan official publié le 16 juillet, alors que cessaient les hostilités.

Depuis, on ne signalait aucune violation grave du cessez-le-feu en vigueur depuis 1994 le long de la frontière fortement militarisée des deux côtés, mais chaque partie persistait à rejeter sur l’autre la responsabilité des combats, tout en s’accusant de tirs sporadiques sur différentes sections de la frontière séparant la province de Tavouch, au nord-est de l’Arménie, de celle de Tovouz, en Azerbaïdjan.

La porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères, Anna Naghdalian, a indiqué que les coprésidents américain, français et surtout russe du Groupe de Minsk de l’OSCE avaient été « activement impliqués » dans les efforts en vue des restaurer le régime de cessez-le-feu dans les zones concernées.

« Le ministre arménien des Affaires étrangères [Zohrab Mnatsakanian] a été en constant contact avec son homologue russe », a ajouté A. Naghdalian, interrogé par le service arménien de RFE/RL, en précisant : « Il y a aussi eu des contacts officiels au niveau des responsables militaires des deux pays », sans fournir plus de détails sur la nature de ces contacts militaires russo-arméniens.

Les états-majors arménien et azerbaïdjanais avaient établi un lien direct de communication après une première rencontre informelle entre le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azéri Ilham Aliyev qui avait donné lieu en 2018 à un engagement de renforcer le régime de cessez-le-feu le long de la frontière internationalement reconnue entre les deux pays et de la « ligne de contact » autour du Karabagh.

Les violations du cessez-le-feu avaient diminué en conséquence, incitant Nikol Pachinian à affirmer, prématurément, quelques mois seulement après son accession au pouvoir, qu’il était parvenu à trouver langue avec les autorités de Bakou et qu’il avait su instaurer un climat de paix sans précédent dans la région. Les tensions persistantes depuis, et l’escalade survenue ces jours derniers ont eu raison de son optimisme, et le leader arménien ne se prive pas de hausser le ton face à Bakou, l’accusant d’avoir porté un coup sévère au processus de paix du Karabagh.

Le président Aliyev, de son côté, menaçait une fois encore jeudi de se retirer des pourparlers de paix sous l’égide du groupe de Minsk avec l’Arménie, estimant qu’ils avaient été « inutiles » à ce jour. Il ajoutait que les médiateurs américain, russe et français auraient dû faire davantage pour rendre les discussions plus « substancielles », en plus de leurs efforts pour empêcher les violences.

Dans une interview accordée à la chaîne Sky News Arabia TV channel, Z.Mnatsakanian avait pour sa part souligné que le regain de violences de la semaine passée montrait qu’ « il ne peut y avoir de solution militaire au conflit » et que la poursuite des négociations est la seule option viable.

Par ailleurs, la Russie aurait certifié à l’Azerbaïdjan que les manœuvres militaires visant à tester la combativité des troupes russes ordonnées par le président russe Vladimir Poutine ne seraient en rien liées aux tensions à la frontière arméno-azérie.

Des garanties visant à dissiper les soupçons, entretenus notamment par la Turquie, selon lesquels la Russie chercherait à s’impliquer auprès de son allié arménien au Sud Caucase. Le ministre russe de la Défense Sergei Shoygu avait annoncé le lancement de ces exercices vendredi, en précisant qu’ils avaient vocation à tester le degré de préparation des forces armées russes en vue des exercices militaires Caucase-2020 prévus en septembre.

Il avait précisé qu’ils impliquaient quelque 150 000 soldats et des centaines d’avions et de navires de guerre déployés dans les régions militaires de la Russie méridionale et occidentale, voisines de l’Ukraine, de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan.

L’agence de presse officielle russe RIA Novosti a indiqué que le ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan Zakir Hasanov avait téléphoné à ce sujet à S.Shoygu Samedi, entretien au cours duquel auraient été évoquées, outre ces exercices militaires, des questions d’intérêt mutuel.

Le ministre russe de la Défense aurait assuré que les exercices militaires étaient planifiés de longue date et n’avaient aucun lien avec la situation actuelle dans la région.

Les exercices avaient débuté au moment même où V.Poutine présidait une réunion du Conseil de sécurité russe portant sur les combats arméno-azéris qui avaient éclaté le 12 juillet. De leur côté, les autorités arméniennes ont fait écho à la Russie, en précisant que les forces arméniennes devaient participer aux exercices Caucase-2020, comme cela avait été prévu bien avant les combats de la semaine dernière.

par Garo Ulubeyan le mardi 21 juillet 2020
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