Arménocide – Dans le désert de Deir ez-Zor où gisent depuis un siècle les ossements de millier d’Arméniens massacrés
OLJ / le 29 avril 2015 à 00h00 – lorientlejour.com:
NOS LECTEURS ONT LA PAROLE – HILDA DADOURIAN
Dans le désert de Deir ez-Zor où gisent depuis un siècle les ossements de millier d’Arméniens massacrés, chaque grain de sable vibre et tremble encore, attendant que justice leur soit rendue. Des hommes, des femmes et des enfants jetés sur le chemin de l’exode, torturés, affamés pour l’unique tort d’avoir été Arméniens.
Dans le seul but de vouloir s’en débarrasser et afin de réaliser la création d’un État national turc, plus d’un million et demi d’Arméniens périrent dans des circonstances atroces entre 1915 et 1918 sur ordre des autorités turques de l’époque dirigée par Talaat Pacha et Atatürk.
Une décision qualifiée de nettoyage ethnique, un processus qui débuta, comme un signal pour cette communauté, par l’arrestation et l’exécution de plusieurs de ses responsables et notables ; suivirent ensuite des massacres de familles entières commis en Anatolie, avant de déporter les survivants en masse à titre arbitraire vers le chemin du calvaire où les attendait la mort – et j’ai honte de dire que j’appartiens à la race humaine face à la cruauté de ces massacres.
Pourquoi cette cruauté soudaine à l’encontre de cette communauté qui s’était pourtant bien intégrée en Turquie, vivant dans la cordialité et l’entente parfaite avec les citoyens turcs ? Pourquoi les sentiments fraternels se sont-ils transformés en haine ?
Alors que la question du génocide arménien a pris une dimension internationale, génocide qualifié même d’arménocide, la Turquie persiste à le nier en essayant de réduire le nombre des victimes de ces tueries atroces, alors que c’est suivant un plan bien prémédité qu’il fut exécuté.
Aujourd’hui, la Turquie, qui se veut ouverte au monde et souhaite adhérer à l’Union européenne, gagnerait à ne plus ignorer le terme de génocide dans lequel ses ancêtres étaient impliqués, ce refus n’aidant guère à l’image d’ouverture qu’Ankara veut se donner.
Il serait donc sage de la part de son gouvernement actuel de respecter la mémoire des victimes innocentes de cette tragédie en reconnaissant les erreurs du passé afin de permettre aux deux pays et surtout à leurs générations futures de renouer des liens de bon voisinage et d’évoluer ensemble dans le bon sens, à l’exemple de l’Allemagne actuelle avec ses voisins après avoir reconnu l’holocauste du peuple juif.
D’autant plus qu’à présent, le génocide arménien a été reconnu par le Parlement européen et presque tous les pays du Moyen-Orient. Mais tant qu’il sera occulté par les descendants de ses exécuteurs, il demeurera vivant dans nos mémoires ; et cette plaie béante qui saigne encore dans le cœur du peuple arménien ne se cicatrisera que lorsque justice sera rendue à ses ancêtres disparus dans des circonstances inhumaines.
Cela se répète de nos jours dans les pays qui nous entourent où des minorités chrétiennes sont lâchement persécutées. Il n’ est pas permis d’assister encore à des guerres au nom de la religion entraînant morts et destructions au profit d’un racisme et d’un fanatisme dévastateurs qui empêche le monde d’avancer sur la bonne voie.
Notre siècle doit incarner l’entente entre les peuples afin de mettre un terme à la violence et aux injustices qui n’engendrent que malheurs et destructions. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux pour recouvrer finalement la paix à laquelle aspirent les peuples du monde entier.
Hilda DADOURIAN
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