Le devoir de mémoire – Dr Vartkès ARZOUMANIAN

Le devoir de mémoire – Dr Vartkès ARZOUMANIAN

le 24 avril 2021

Le 24 avril. Date commémorative du génocide des Arméniens.

Partout au monde, les Arméniens se souviennent de l’inoubliable et affreux génocide qui a coûté la vie à plus d’un million et demi d’Arméniens et fait plus de deux millions de disparus. Certains historiens l’ont qualifié comme étant le génocide exemplaire, d’autres l’ont documenté comme le premier génocide des temps modernes, mais pour les Arméniens, c’était tout simplement un génocide impuni.

Toute une nation meurtrie, toute une civilisation millénaire éradiquée, tout un peuple autochtone exterminé, et tout cela à la grande indifférence de la famille des nations.

Aujourd’hui, 106 ans après ce crime toujours impuni et horrifiant contre l’humanité, les Arméniens partout dans le monde se recueillent pour respecter la mémoire de leurs ancêtres. Leur existence même est une preuve que les instigateurs n’ont pas réussi à réaliser « leur projet », et sûrement le grand bourreau Tallat Pacha a fait fausse route lorsqu’il a déclaré qu’il voulait garder juste un Arménien comme spécimen, et cela quelque part dans un musée. Pathétique.

Malgré toutes les pressions internationales, la Turquie nie l’existence de ce génocide perpétré pas les ancêtres turcs, même si une grande majorité de son peuple l’accepte.

En 1987, le président François Mitterrand, prenant la parole devant le Parlement européen, a souligné la nature génocidaire des massacres de 1915 et a prononcé une phrase historique dont il ressort que la Turquie doit accepter qu’elle est responsable du génocide des Arméniens car on ne peut pas effacer les pages de l’histoire avec une gomme.

En tant que Libanais fiers de nos origines arméniennes, aujourd’hui notre chagrin est double. D’une part, notre patrie le Liban souffre et saigne d’une façon sans précédent et cela malheureusement sans qu’on puisse remédier à cette situation, et d’autre part, l’Arménie avec l’abdication sous contrainte de l’Artsakh et une paix précaire qui lui est imposée est également en larmes.

Partout dans le monde, lorsque le mal est triomphant, l’injustice est jubilante, la souffrance est générale ; la justice et l’humanisme sont les seuls salvateurs. Où sont les grandes nations, où sont les défendeurs des droits de l’homme, où sont les institutions justicières ? Hélas, l’impunité engendre sûrement d’autres crimes, l’histoire en témoigne.

Tant que dans nos veines coule le sang de nos aïeuls et tant que nous sommes bénis par la foi de saint Vartan, nous resterons attachés à nos revendications, car oublier les victimes, c’est les tuer une seconde fois.

Abou Dhabi

lorientlejour.com/article/1259676/le-devoir-de-memoire.html

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