Edouard Polatov: «La communauté grecque de la République Arménie a condamné l’agression de l’Arménie et de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan»
11 JUILLET 2023 –
Aux côtés de la communauté grecque d’Arménie, les communautés yézidi et assyrienne ont dénoncé les actes d’agression de l’Azerbaïdjan envers le peuple arménien. Mais les communautés russe, biélorusse, ukrainienne, juive et géorgienne de la République Arménie ne s’empressent pas pour nommer les faits de leur vrai nom, provoquant ainsi l’incompréhension de la société arménienne.
Nous avons sollicité l’avis Edouard Polatov (Polatidis) – Président de l’Organisation des grecs d’Arménie et d’Artsakh «Patrida», du mouvement patriotique «Talysh – les villages frontaliers»,vétéran de la guerre d’Artsakh, défenseur des droits, Député de l’Assemblée Nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale, concernant la situation actuelle.
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– Monsieur Polatov, avant de commencer notre conversation par l’attitude des minorités nationales dans le pays où elles vivent, donnez-nous votre impression sur les évènements qui se déroulent aujourd’hui en Arménie.
– Après les élections parlementaires de 2021, et comme on s’y attendait, «pour le peuple et malgré le peuple» trois forces politiques, qui ont obtenu leur quota auxquels tout le monde s’attendait, sont entrées au Parlement. Ces forces avaient déjà distribué les postes à occuper ainsi que leur rôle au sein de l’Assemblée Nationale bien longtemps avant le début des travaux du Parlement et de sa nouvelle session.
Et que découle-t-il de ces élections? En 2018 et par pur hasard, les partis «Dashnaktsoutsyoun» et RPA auxquels il manquait quelques broutilles de voix, n’ont pas pu entrer au Parlement mais aux élections du 20 juin 2021 ils ont saisi l’opportunité d’entrer à l’Assemblée Nationale en s’alliant à d’autres partis.
Ainsi, le parti «Mon pas» est devenu majoritaire, à la coalition «Arménie » revient le rôle d’opposition implacable alors que la coalition« malhonnête» «J’ai l’honneur», selon toute apparence, jouera le rôle d’une opposition constructive. En conséquence, recevez de la part de l’Organisation des grecs d’Arménie « Patrida » nos congratulations les plus chaleureuses.
– Vous avez déclaré que, comme on s’y attendait, trois forces politiques avaient fait leur entrée au Parlement. A votre avis ces élections étaient jouées d’avance?
– S’il n’y avait pas eu l’agression de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh, ces élections anticipées auraient pu ne pas avoir lieu.
L’important soutien de la Turquie, du monde türk plurimillionnaire, le soutien de la Biélorussie, de la Géorgie, d’Israël et de la Grande Bretagne alliées de l’Azerbaïdjan doublé de l’indifférence consciente des alliés de l’ainsi nommé – Conseil de Sécurité – ont été les causes des défaites de l’Arménie et de l’Artsakh dans cette guerre.
Résultat: une partie de notre peuple porte le deuil, l’autre est sous le stress et l’apathie, certains appellent à renverser le pouvoir, d’autres – élite dégénérée – organisent de somptueux mariages et des fêtes.On se souviendra de ces élections car pendant la période électorale tous les partis se sont fait remarquer par leurs salves d’injures mutuelles, de faux bruits abominables n’épargnant ni les enfants ni les épouses ni les parents.
Se jetait à la figure et le passé et n’importe quoi. Mais chose curieuse, aucun parti politique, aucun bloc n’a abordé dans son programme les problèmes rencontrés par les minorités nationales et les réfugiés arméniens. Aucun parti n’avait intégré ces questions. Et puisqu’ aucun parti n’a soufflé mot des problèmes des minorités nationales, il revient donc à l’Organisation des grecs d’Arménie et d’’Artsakh de les exposer dans l’optique de la sécurité du pays.
– Peut-on imaginer que les minorités nationales d’Arménie souffrent de problèmes sérieux, de complications particulières, de difficultés?
Des problèmes, aujourd’hui, tout le monde en a mais je me répète: il s’agit du contexte de la sécurité du pays. Je ne parlerai pas des droits étant donné qu’ils figurent dans les nombreux articles de la Constitution de la République Arménie. D’autant qu’ils sont défendus par de nombreuses conventions internationales et autres déclarations. Parmi les 117 articles de la Constitution de la République Arménie et ses nombreux points, les minorités nationales d’Arménie sont concernées par quatre articles de la Loi fondamentale de la République Arménie.
Il y est question de l’inadmissibilité des discriminations concernant le sexe, la race, la couleur de peau, l’origine ethnique ou sociale, la langue, la religion, les idées politiques ou autres inclinations, du respect de ses coutumes nationales et traditionnelles, de sa culture. Dans le même temps cette Constitution peut limiter la liberté individuelle et citoyenne par une loi provisoire, en particulier lors de l’introduction de la loi martiale.
Je veux rappeler aux minorités nationales du pays leurs obligations légales et citoyennes. Dans les obligations incombant aux citoyens de la République Arménie appartenant aux minorités nationales, il y a la fidélité au serment qu’elles prononcent au moment de recevoir leur citoyenneté. Ce serment dit: «Moi (nom de famille et prénom), en devenant citoyen de la République Arménie, je jure d’être fidèle à la République Arménie, de respecter la Constitution et les lois de la République Arménie, de défendre son l’indépendance et son intégralité».
– Pour ceux qui reçoivent la citoyenneté, d’accord. Mais de nombreux sujets des minorités nationales d’Arménie sont nés et résident ici depuis longtemps. Eux aussi prêtent serment?
Tous prêtent serment. Pour les habitants autochtones du pays ce processus se fait automatiquement lors de la remise du passeport. Mais il ne faut pas perdre de vue que les minorités nationales ont leurs propres organisations culturelles. Bien que le nombre global de représentants des minorités nationales du pays ne dépasse pas les trois pour cent, on peut considérer l’Arménie comme un Etat multinational.
Au jour d’aujourd’hui vivent dans notre république les représentants d’environ vingt nationalités. Parmi les plus importantes figurent les yézidis, les russes, les grecs, les assyriens (ayssor), les ukrainiens, les polonais, les allemands, les juifs, les kurdes, les géorgiens.
– La majorité des représentants des peuples cités ont un Etat national à eux à l’exclusion des yézidis, des assyriens et des kurdes…
C’est tout à fait exact. Et c’est là que surgit une question bien logique: pourquoi les représentants de certaines nationalités du pays – concrètement les leaders d’organisations nationales de la société civile – n’ont pas rempli leur devoir constitutionnel et n’ont pas fait montre d’ une attitude citoyenne liée concrètement à la sécurité nationale de la République Arménie dont ils sont citoyens?
Pourquoi les leaders des communautés ukrainienne, géorgienne, biélorusse, russe (je souligne de nouveau: il est question ici justement des leaders) n’ont-ils fait ne serait-ce qu’une seule déclaration politique ou une démarche quelconque concernant l’agression de l’Azerbaïdjan et de la Turquie contre l’Arménie et l’Artsakh?
– Et comment les représentants des minorités nationales de l’Azerbaïdjan ont-ils réagi à tout cela?
– Les communautés que j’ai désignées ont activement participé, en Azerbaïdjan, aux évènements que l’on connaît, en créant un climat de propagande idéologique justifiant l’agression de Bakou contre le peuple arménien.
Pendant 44 jours, les coupe-jarrets d’organisations terroristes interdites en Fédération de Russie,Géorgie, Biélorussie, Ukraine et même en Israël assassinaient en Artsakh des habitants pacifiques, détruisaient et faisaient sauter les mémoriaux dédiés aux héros de la Grande Guerre, vandalisaient les statues des maréchaux, généraux, héros de l’Union Soviétique et, également, de la Russie Impériale, pulvérisaient les pierres tombales, détruisaient systématiquement les églises chrétiennes, effaçant de la sorte la mémoire historique et l’héritage du seul peuple arménien alors que les représentants des minorités nationales d’Azerbaïdjan, citoyens de leur pays, ont fait montre d’une attitude citoyenne active et ont accompli «leur devoir constitutionnel», en affirmant que l’Artsakh était une terre ancestrale azerbaïdjanaise.
Comment pouvaient-ils savoir? L’identité d’un territoire est définie par ses monuments historiques, vieux de plusieurs millénaires, à l’époque où n’était encore mentionné nulle part non seulement la nationalité «azerbaïdjanais » mais également des pays du nom de «Azerbaïdjan»; il n’y avait pas non plus d’Ukraine avec des ukrainiens, de russes et de Russie, de biélorusses et de Biélorussie. Les juifs constituent une exception mais, il y a quelques milliers d’années, Israël n’existait pas.
Et voilà que les représentants de tous ces peuples orthodoxes, ne connaissant même pas leur propre histoire, assurent d’une même voix que l’Artsakh est – la terre « des azerbaïdjanais», nationalité que Staline a inventée seulement en 1936 pour «la joie» des géorgiens, des arméniens, des perses. Il a affermi cette nationalité dans sa Constitution, la qualifiant de première nation socialiste. En revanche, en face et à la même époque, on trouve les peuples autochtones de l’Azerbaïdjan abandonnés qui en, raison d’une propagande trompeuse et de la falsification de l’histoire, subissent quotidiennement un piétinement bestial de leurs droits humains les plus élémentaires
– Monsieur Polatov, au début de notre entretien vous avez rappelé le problème des réfugiés. Qu’entendiez-vous par là?
– En plus des réfugiés arméniens d’Azerbaïdjan, de nombreuses familles mixtes russes, ukrainiennes, juives ou représentantes d’autres nationalités ont trouvé refuge en Arménie dans les années 1988-1990.
Et c’est justement elles, de concert avec le peuple arménien, qui exhortaient les instances internationales à ne pas se rendre à Bakou dans l’antre des criminels et des violeurs appelée «allée des shahs». Le Bakou officiel affirme que dans cette allée reposent, honorés parmi les leurs, «les fils et les filles de l’Azerbaïdjan morts pour la liberté et l’intégrité territoriale de leur patrie»
Le Bakou officiel continue d’insister que dans cette allée reposent « les meilleurs fils de la nation ». Et nous, nous confirmons être témoins de l’assassinat « par les meilleurs fils de la nation azerbaïdjanaise » de citoyens pacifiques de diverses nationalités et ce, à travers tout l’Azerbaïdjan soviétique. Sinon comment expliquer autrement l’apparition en Arménie d’individus qualifiés de réfugiés et représentant de minorités nationales mariés à des réfugiés arméniens d’Azerbaïdjan?
– Actuellement vient d’être inauguré un soi-disant musée de la victoire sur l’Arménie. Cela fera apparemment oublier quelque peu «l’allée des shahs»…
Par tous ces actes, le Bakou officiel continue sa propagande arménophobe, sa falsification de l’histoire comme de son Etat et des Etats de toute cette région. Il devient le centre de stimulation au meurtre des peuples autochtones de tout le Caucase-sud et des pays frontaliers comme le Daghestan, l’Arménie, la Géorgie, l’Iran.
– Pour quelles raisons, à votre avis, la communauté internationale semble ne pas remarquer tous les crimes et actions inhumaines commises par Bakou?
– Il est à noter que sont venus se recueillir auprès des tombes des bourreaux des peuples arménien et autres «allée des shahs», «en pèlerins» , des dirigeants et des hauts fonctionnaires de divers pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique, du Proche-Orient (y compris d’Israël), de la CEI ainsi que des représentants de diverses instances internationales et hommes politiques de haut rang.
En particulier des dirigeants de Russie, Ukraine, Géorgie et Biélorussie. Prenons le cas de la Russie – continuateur de l’URSS – et ses affidés dont les Etats criminels Turquie et Azerbaïdjan, créés de toutes pièces sur les territoires ancestraux de peuples autochtones martyrisés et exterminés. C’est bien elle qui est l’auteur de ces nouvelles nationalités – « turcs et azerbaïdjanais ». Comment voulez-vous qu’après cela la Russie puisse trahir ces peuples qui lui sont proches, qu’elle a fait naître?
Ces trois décennies, le pèlerinage sur les tombes «des shahs» organisé par le Bakou officiel n’est rien d’autre que la tentative de provoquer l’indulgence de la communauté internationale pour ses actes sanglants du passé, du présent et du futur. La visite des leaders mondiaux au mémorial de l’ « allée des shahs » n’est rien d’autre que la légalisation de l’usurpation violente de l’héritage culturel, patrimonial et matériel arménien et autres peuples autochtones d’Azerbaïdjan.
– Revenons à la question des minorités nationales …
– Il y a de nombreux milliers d’années, les ancêtres des habitants autochtones du Caucase – avares, lesghines, tabassaranes, talyshes, arméniens, dates, oudines et autres peuples de la région – avaient déterminé les frontières de leurs territoires ancestraux. Nos aïeux ont commis l’immense erreur d’y avoir admis les tribus nomades türkes qui, plus tard, se sont systématiquement emparées de leurs terres.
Et voilà qu’ après la fin des combats liés à l’agression de l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie et ses alliés, et également à la suite des élections à l’Assemblée Nationale de la République Arménie, s’est tenue la première séance du Conseil de Coordination des minorités nationales. L’Organisation des grecs d’Arménie et d’Artsakh y a assisté à la scandaleuse polémique autour du problème du financement de l’inauguration de la Journée des Minorités nationales en Arménie.
– Il existe en Arménie une Journée des Minorités nationales? Je n’en ai pas entendu parler…
La République Arménie a adopté la décision de célébrer la « Journée des minorités nationales de la République Arménie». Cette initiative, en cette année de deuil pour les arméniens, reste énigmatique. Il est intéressant de remarquer qu’aucun Etat au monde ne célèbre ce Jour.
Les dirigeants des communautés ukrainienne, russe, géorgienne et biélorusse ont voulu, pour on ne sait quelle raison, célébrer ce Jour non pas sur leurs deniers mais sur le maigre compte du budget de la République Arménie.
Au fait, quelqu’un aurait-il entendu que du budget d’un des pays les plus pauvres du monde on finance les besoins des minorités nationales? Et pourtant les compatriotes des minorités nationales en Azerbaïdjan sus-citées, de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie et d’ailleurs faisaient montre d’une attitude carrément hostile envers l’Arménie et le peuple arménien lors de la récente agression de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et l’Artsakh.
De plus, les représentants de ces minorités nationales, vivant dans la satiété en Azerbaïdjan, comme je l’ai déjà mentionné, se sont levés comme un seul homme pendant l’agression contre l’Arménie, en soutien de leur Etat – l’Azerbaïdjan – et déblatéraient sardoniquement contre l’Arménie et le peuple arménien. C’est une position très confortable, n’est-ce pas? Vous ne me croyez pas? Regardez donc Internet.
Je tiens à rappeler que parmi les réfugiés arméniens ayant fui le yatagan azerbaïdjanais, il y avait de nombreux représentants des minorités nationales composés d’unions mixtes – juifs, russes, ukrainiens, biélorusses, grecs, azéris. En Artsakh de 1988 à 1994 ont fui la répression azérie les molokans, les russes, les grecs. Quelqu’un s’est-il intéressé à un moment ou à un autre à leur destin et où ils se trouvent aujourd’hui?
Et où étaient l’Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, Israël pendant toute la durée du conflit au Karabagh? Où étaient-ils lorsque sur toute la période des 44 jours de guerre en 2020 des bombes au phosphore et autres armes létales – interdites par les Conventions internationales – étaient utilisées contre la population arménienne de l’Artsakh et les réfugiés des années 1988-1992 venus de différentes régions de l’Azerbaïdjan?
Il convient de rappeler ici l’opération «Anneau» (printemps 1991 puis juin 1992) exécutée par la 23e division de la 4e armée soviétique et son régiment parachuté – commandée par le tristement célèbre général Chaman – qui, jetant toutes ses forces sur la population pacifique d’Artsakh, à Chaoumyan et Mardakert, la tuant et remettant aux mains des bandes azéries où l’on trouvait également des nationalistes ukrainiens, des mercenaires turcs, des wahabites et autres individus louches qui ont complété par la suite les rangs du terrorisme international, pour tortures les prisonniers et défenseurs de la population arménienne.
Cela a eu pour résultat de céder à l’Azerbaïdjan toute la population (le territoire) de la région de Chaoumyan et les deux tiers de la région de Mardakert. Et pourtant dans cette région il y avait des villages peuplés de minorités chrétiennes – molokans russes et grecs orthodoxes. Pourquoi ni à ce moment-là ni maintenant les minorités nationales de la République Arménie n’ont élevé leurs voix pour la défense des minorités nationales d’Artsakh?
– Peut-on supposer que les Organisations dont vous parlez se trouveraient sous la pression de certains courants intéressés?
Selon toute vraisemblance, les dirigeants des Organisations nationales dont je parle, russe, ukrainienne, géorgienne, juive, biélorusse, expliquent leur attitude par le fait qu’ils ne s’occupent pas de politique, ils s’intérèssent essentiellement aux projets culturels et éducatifs en Arménie. La Constitution de la République Arménie, les droits et obligations citoyens les intéressent peu contrairement à leurs compatriotes vivant en Azerbaïdjan.
Seule la communauté grecque d’Arménie et d’Artsakh ainsi que les communautés assyrienne, lesghine, talyshe de Russie se sont adressées aux peuples autochtones d’Azerbaïdjan leur demandant de ne pas soutenir les dirigeants criminels de l’Azerbaïdjan.
Je profite de l’opportunité donnée pour m’adresser aux peuples autochtones d’Azerbaïdjan:
Honorables représentants des peuples autochtones de la région – avars, lezghines, routoules, tsakhoures, tabassarantses, talyshes! Ne devenez pas l’instrument des forces pro-turques, ne permettez pas à la Turquie et l’Azerbaïdjan avec à sa tête Ilkham Aliev – fils de Gueydar Aliev – tchékiste (KGB), corrompu et déserteur de la Grande Guerre Patriotique – de disposer de votre destin.
Pour mémoire: Ilkham Aliev est un président-voleur, le plus riche et le plus effronté, assassin, joueur et alcoolique. Il a élevé au rang de héros national un bourreau qui a fendu à la hache un officier arménien pendant son sommeil, dans la ville de Budapest, qui s’est cyniquement accaparé des régions avares (Norsk, Sorsk Kakhsk) et des terres où vivent 500.000 lezghines. Les habitants de Talysh ont également tout perdu.
Quant aux chrétiens oudines, on ne s’en souvient déjà plus. Il est le falsificateur de l’histoire des peuples du Caucase-sud.
Je souhaite m’adresser encore une fois aux leaders des communautés chrétiennes d’Arménie. Rappeler et demander: pour quelles raisons, à la différence de vos compatriotes d’Azerbaïdjan, vous êtes-vous tus lorsque les frontières de la République ont été violées, défaites?
Pourquoi vous êtes-vous tus lorsque les hauts dirigeants de la Fédération de Russie, oublieux de l’étiquette diplomatique, ont gratifié l’Artsakh arménien de territoire azerbaïdjanais et affirmaient que la question du statut de l’Artaskh était close et le conflit réglé? Le statut de cet Artsakh devenu question litigieuse à cause d’une décision illégitime des bolchéviques de Russie mettant sous l’autorité tatare du Caucase le Karabagh peuplé d’arméniens.
C’est justement pour eux que les bolcheviks de Russie ont créé artificiellement une république avec un nom iranien «Azerbaïdjan» et, en 1936 leur ont inventé une nationalité tout autant artificielle – azerbaïdjanais». Pourquoi vous êtes-vous tus lorsque le ministre de La Défense de la Fédération de Russie Choïgou a fait son rapport sur l’opération, conjointe avec les turcs, compliquée au Karabagh ou bien lorsque le représentant de Moscou du Patriarcat de l’Eglise Orthodoxe russe a déclaré qu’en Artsakh il n’y avait pas d’églises arméniennes?
A l’automne 2021, l’éparchie de l’Eglise orthodoxe russe de Bakou a été le théâtre d’un véritable sacrilège vis-à-vis des orthodoxes. Une messe a été servie à l’occasion du premier anniversaire de la victoire de la coalition Azerbaïdjan-Turquie contre la petite République arménienne d’Artsakh à la gloire du «mini sultan» – Ilkham Aliev.
Rappelons que sur ordre de Ilham Aliev les églises chrétiennes étaient bombardées, les reliques chrétiennes brûlées, les têtes de paisibles citoyens d’Artsakh décapitées. Je suis formellement contre la politisation de la religion, ce que pratique actuellement l’éparchie de l’Eglise orthodoxe russe de Bakou. J’estime cela inconcevable dans la mesure où le conflit du Nagorno-Karabagh est territorial et non religieux!
Le cynisme de l’Eglise orthodoxe russe dépasse tout simplement l’entendement! Vous ne trouverez nulle part ailleurs dans le monde musulman, de pays où le pouvoir religieux soutienne publiquement un pays chrétien et lui procure des armes létales. Mais l’Eglise orthodoxe russe peut se le permettre! Dieu, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font …Mais moi, je m’en souviendrai et je le raconterai à mes petits-enfants.
Cette politique de double standard est stupéfiante. L’adhésion au « plan Lavrov » et l’accord tripartite et de l’autre le mécontentement de l’Occident: ça fait vraiment mauvais effet, Messieurs. Mais oui, c’est ce même ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie qui, avec pompe, a déposé des couronnes de fleurs sur les tombes des assassins et terroristes de « l’allée des shahs » à Bakou. Quelle unité d’esprit et d’actions …
Ces minorités nationales, ukrainiens, russes, géorgiens, juifs, biélorusses, n’ont fait aucune déclaration politique contre les actes d’agressions de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. Alors que les représentants des autres minorités nationales – grecs, yézidis, assyriens, allemands – ont toujours participé à la vie politique de leur deuxième Patrie, l’Arménie, et se levaient comme un seul homme pour la défendre.
Les représentants de la communauté grecque d’Arménie et d’Artsakh utilisent activement, et depuis de nombreuses années, toutes les plate-formes internationales pour condamner carrément la politique arménophobe de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. Ils ont collaboré avec les représentants des peuples autochtones de l’Azerbaïdjan: les talyshes, les lezghines et autres peuples qui subissent dans le pays où ils vivent une assimilation forcée et un Génocide.
Les organes de propagande des pays orthodoxes comme l’Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, la Russie fonctionnent de manière non professionnelle, consciemment ou non, transformant leurs communautés en Arménie en agents d’influence et en Azerbaïdjan en haut-parleur de la propagande azerbaïdjanaise.
Apparemment on ne choisit pas les moyens depuis l’effondrement total de la politique traditionnelle russe. Ainsi, aujourd’hui lors des séances du Conseil de Coordination des minorités nationales d’Arménie, on assiste à d’âpres polémiques pour savoir comment et qui dans le pays va assurer la Journée des minorités nationales alors qu’ils vivent côte à côte avec un peuple qui a subit toute la cruauté et l’inhumanité du Génocide.
L’Organisation des grecs d’Arménie et d’Artsakh « Patrida » déclare officiellement qu’en 2023 elle refuse de recevoir l’aide financière de l’Etat pour ne pas avoir à participer dans le futur au partage honteux de cette aide avec ceux qui la recevront et qui sont animés d’une attitude exclusivement consommatrice vis-à-vis du pays dont ils sont les citoyens.
L’agression azerbaïdjanaise contre l’Arménie et les citoyens de l’Arménie vivant en Artsakh, soutenue par la 2e armée de l’OTAN, avec l’accord muet de l’alliée de l’Arménie – la Russie -, doit être condamnée par tous. Rappelons aux iraniens dont le nombre devient considérable en Arménie que la dernière guerre de 44 jours, de l’avis de nombreux experts, a été déclarée non contre l’Arménie et l’Artsakh mais contre la Russie, l’Iran et tout le monde civilisé.
Et nous informons les peuples d’Iran que l’un des buts de l’agression de la coalition terroriste contre la République du Haut-Karabagh du 27 septembre 2020 consistait à vouloir transposer petit à petit le théâtre des hostilités sur le territoire de la République Islamique d’Iran et ensuite la défaire. (c’est pour cette raison que les territoires plus au nord de l’Araxe sont occupés).
Si les forces d’autodéfense arméniennes auraient été anéanties au bout de 16-20 jours (comme il était prévu), alors l’attaque aurait concerné l’Iran mais, la résistance de l’Armée de Défense d’Artsakh a résisté 44 jours, Trump n’a pas été reconduit à la présidence et le vacuum provisoire n’ont pas donné la possibilité de réaliser ce plan (envoyer des frappes sur la République islamique d’Iran). Déjà dès 2019 des émissaires en parlaient ouvertement.
Les turcs et leurs confrères tribaux azerbaïdjanais de la Caspienne s’apprêtaient à cracher aussi bien sur «les alliés» de l’Arménie que sur le monde « civilisé » dans son entier. A la suite d’attaques aériennes, de frappes d’artillerie et autres, de lâchages de bombes au phosphore, ont succombé plus de trois mille cinq cent personnes, plus de dix mille ont été blessés y inclus des habitants pacifiques. Personne n’a évalué les pertes matérielles subies par l’Artsakh de même que personne n’a fait un bilan des dommages causés par l’Azerbaïdjan endurés par les réfugiés arméniens en 1988-1992.
En 28 ans de bombardements par l’Azerbaïdjan et ses alliés, l’Artsakh a reçu sur son sol des centaines de milliers de tonnes de projectiles contenant de l’uranium appauvri, déversés sur un territoire où vit une population arménienne pacifique. Il est bien connu qu’aujourd’hui l’Arménie occupe l’un des premiers rangs en ce qui concerne les maladies cancéreuses.
Alors, quand donc les minorités nationales d’Arménie auront-elles l’intention d’élever leur voix pour défendre l’Arménie et l’Artsakh, d’accomplir leur devoir constitutionnel et citoyen à l’instar de leurs concitoyens d’Azerbaïdjan qui nomment l’Artsakh «notre terre»?
A ce jour, nous n’avons pas reçu de réponse.
Entretien animé par Vaghram AGADJANYAN